La perfidie des classiques
Bien installés dans ce bistrot parisien, nous finissons notre repas
et je papote avec ma fille. Derrière elle, je peux voir à travers une
porte vitrée une salle de spectacle laissée à l'abandon.
Je lui demande :
— Tu connaissais ce café-théâtre qui a fermé ?
— J'y suis allée une seule fois, je crois que c'était leur dernier
spectacle. Ils jouaient "Les sept péchés capitaux " mais j'ai
l'impression qu'ils n'ont pas fait recette. Cela t'aurait certainement
intéressé, particulièrement la partie sur la gourmandise.
— Oh, tu sais Aurore, je ne mange plus autant, comme tu peux le voir, je
suis resté svelte et je n'ai jamais été particulièrement gourmand.
Elle me demande avec un petit sourire :
— Tu as toujours du cholestérol ?
— Non-non, je fais attention maintenant, tu vois ce midi, j'ai pris du poisson.
— Oui, mais papa, tu n'aurais pas pris un peu d'embonpoint ? Ta chemise a l'air de te serrer.
— Ça, ce n'est rien, c'est juste ma peau du ventre qui a légèrement épaissi.
Elle a un regard soupçonneux.
— Hum hum, je connais tes goûts et je parie que je vais te faire mentir.
Écoute bien, je te lis la carte des desserts, à toi de choisir ce qui
te plaît.
Je suis confiant, je sais en moi-même qu'il y a tellement de desserts que je n'aime pas. Je suis difficile sauf pour le chocolat.
— Tout d'abord ils proposent, La diligence des tartes, chariot
de tartes aux fruits, tartes aux pommes sur lit de compote, tartes aux
fraises avec crème pâtissière, tartes aux cerises.
— Alors là Aurore, pas de problèmes, je ne raffole pas, pour te dire
quand j'étais enfant, j'acceptais de manger une petite part de tarte
seulement si l'on en retirait tous les fruits.
— Ok, la suite, c'est Côté jardin, Salade de fruits ou fruits aux choix, pommes, banane, cerises.
— Cela ne me tente pas plus que ça.
— Bon, eh bien, je continue, Notre sélection, salade de fruits ou fromage blanc avec coulis de fruits rouges.
— Non merci.
— Il y a aussi, L'embûche de glace, coupe de glace composée de
trois parfums recouverte de chantilly ou l'omelette norvégienne.
— Peuh, cela me laisse froid, je ne suis pas prêt de fondre, je trouve que c'est étouffe-chrétiens.
— Mais pour finir mon petit papounet voici Les classiques, il est
écrit en dessous, A connaître sur le bout des doigts.
Je devine à son sourire cruel que cela va être terrible.
— Moelleux au chocolat cœur coulant.
— Mama Mia ! Elle me voit écarquiller les yeux.
— Ou bien, les profiteroles du chef , tu sais papa, ces petits choux
fourrés d'une crème pâtissière accompagnés d'une boule de glace à la
vanille le tout nappé de chocolat fondu encore tout chaud.
— Mon dieu ! Aurore, je t'avoue que je commence à saliver, c'est infernal, si tu me prends par mes points sensibles...
— Ah ah, mais ce n'est pas fini ,
Il y a encore la gaufre gourmande accompagnée de sa légère crème fouettée et d'un onctueux chocolat fondu.
Gloups ! C'est mon dessert préféré.
Aurore remarque que je ne dis plus rien, toute honte dessous, j'ai
craqué. Mon estomac indiscret me trahit, je digère avant de la manger,
la perfidie des classiques.
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